Khate Lessard a été la première candidate trans à être accueillie sur le plateau de la populaire émission Occupation double. Elle a accepté de nous accorder une entrevue exclusive pour le blogue TransAvenue.
Ces dernières semaines, pas une journée (ou presque) ne s’achève sans que quelqu’un lui ait parlé de sa chirurgie d’affirmation de genre effectuée au Centre métropolitain de chirurgie (GrS Montréal). Celle qui réside désormais à Laval a en effet été opérée pour une vaginoplastie.
«Lorsque j’ai commencé à penser à l’opération et que je me suis sentie prête à amorcer le processus, j’ai dû commencer par la création de mon dossier. Je ne sais pas comment ça se passe à Montréal, mais dans mon coin, en Abitibi, ça a pris plusieurs mois. Il a fallu que je rencontre plusieurs spécialistes et chacun d’eux devait remplir une lettre de recommandation», explique-t-elle.
Ainsi, au terme d’une myriade de rencontres en privé avec sexologue, psychoéducatrice, médecin de famille, psychologue et autres professionnels et spécialistes de la santé, Khate avait ce qu’il fallait pour passer à l’étape suivante. Pas moins d’un an et demi s’est écoulé entre le début du processus et le jour «J».
«Une fois sur place, j’ai été surprise de constater à quel point la clinique est belle et que toute l’équipe est aux petits soins de façon très intense! Disons que ça faisait mon affaire, car je suis une personne qui angoisse facilement. Qu’on le veuille ou non, même si on se renseigne d’abord sur le sujet, on a peur d’entrer comme dans une pièce noire en arrivant à l’hôpital… mais tout le monde a été tellement gentil! Les employés sont venus se présenter un à un. Je sentais comme une ambiance familiale. Tout le monde est calme et on a droit à une grande écoute, à tout moment. Bref, on se sent rapidement comme dans une grande maison!», expose l’ex-candidate d’OD.
L’expérience humaine
«Tout au long de mon séjour chez GrS Montréal, j’ai vraiment ressenti le côté humain. Je m’attendais à ce que ce soit comme dans un hôpital où les employés courent toujours un peu parce qu’il y a beaucoup de choses à faire, mais ce n’était pas le cas. Durant les premiers jours, ça n’a pas été sans peine, mais j’ai reçu toute l’écoute voulue», assure-t-elle.
On le devine, lorsqu’une personne connue du grand public est opérée pour une chirurgie d’affirmation de genre et que cette nouvelle est publicisée, il y a des réactions. Sans chercher à se mettre en valeur, Khate Lessard est toutefois heureuse de provoquer des réactions et de susciter des débats autour de ce thème.
«Je n’ai pas fait ça pour le «fun» ou pour avoir de l’attention. On ne peut pas faire ça pour avoir de l’attention. Je veux tellement axer ça sur le côté informatif. Il faut qu’on parle de diversité sexuelle et qu’on puisse voir ce qu’il y a autour, comme, entre autres, une vaginoplastie. Je veux contribuer à démystifier tout ça. Je veux faire de bonnes choses et de bons gestes. Si ça peut aider des gens qui auront à vivre ça, tant mieux!», estime-t-elle.
L’Asclépiade, un lieu dont on se souvient
«J’ai passé environ sept jours à l’Asclépiade. La bouffe y est vraiment excellente! Pour vrai, c’est un buffet à tous les repas. Ce n’est pas de la bouffe cheap. Je me souviens d’avoir mangé d’excellentes poitrines de poulet à la grecque, avec fromage… On sent que le chef s’amuse à faire ses menus, assure celle qui a réalisé plusieurs capsules sur le web. J’ai d’ailleurs pris le temps de parler avec lui. Il me disait qu’après une opération comme celle qu’on subissait, soit une vaginoplastie ou une phalloplastie, il est important de se nourrir d’aliments protéinés.»
Et il n’y a pas que la nourriture qui soit bien adaptée au besoin des utilisateurs : tout est pensé pour procurer confort et quiétude aux occupants de L’Asclépiade.
«Il y a un gros réfrigérateur rempli de jus de canneberge, qui sont très bons pour la vessie, et des coussins qui nous permettent de nous asseoir confortablement et sans douleur sur les chaises. C’est l’fun parce que tout le monde là-bas vit la même chose et on mange tous autour de la même table. On peut discuter et certaines personnes sont là depuis plus longtemps que d’autres. Parfois, elles donnent des conseils aux autres à propos des jours à venir et de ce qu’elles devront faire. On se sent écoutés et suivis dans toutes les démarches et tout au long du processus», conclut celle qui a étudié dans le domaine des communications.
Des suivis serrés
«Je suis revenue chez moi, mais chaque semaine, les gens de GrS Montréal font des suivis. On se parle par téléphone et par courriel et je dois aussi envoyer des photos pour qu’on s’assure que tout va bien. Je trouve ça très sécurisant. Par exemple, si un saignement survient, je n’ai qu’à prendre une photo et à l’envoyer pour rapidement recevoir une réponse», fait savoir la jeune femme.
Et l’avenir?
Bonne communicatrice, Khate Lessard est aussi devenue une amie proche de Julie Snyder. Aussi, dans un avenir rapproché, elle a comme projet de montrer de quel bois elle se chauffe au petit écran.
«J’ai toujours aimé faire toutes sortes de choses dans la vie. Actuellement, je suis ancrée dans cette vague-là, car on me reconnaît pour ça. Je vais toujours continuer de militer pour cette cause-là, mais je vais aussi faire autre chose!», promet la rafraîchissante Lavalloise.
Ceux qui la suivent l’ont adoptée et il y a fort à parier que sa carrière ne fait que commencer. Une carrière nouvelle, mais surtout : une vie nouvelle…
Un bel article inspirant bravo
Félicitation et le meilleur pour toi est à venir Bis
J’ai lu avec intérêt l’article car c’est un domaine peu connu du grand public. Les informations étaient bien détaillées de sorte que le commun des mortels peut comprendre. Je suis heureuse pour toi que tu aies apprécié ton expérience. J’ai une amie, une femme formidable, qui travaille à cette clinique. Bonne chance pour le futur.