J’ai l’immense privilège de rencontrer et former des liens d’amitié avec des activistes de la région, en discutant de nos travaux personnels et communautaires au niveau de sujets LGBTQ+.
Collaboration spéciale: Alex Simon est un.e étudiant.e Montréalais.e d’origine américaine de 21 ans qui s’intéresse aux réalités des personnes trans et LGBTQ. Ellui-même non binaire, iel a proposé à GrS Montréal de composer quelques articles pour le blogue TransAvenue.
Pour cet article, j’ai décidé de poser des questions à June Pilote, directeur exécutif chez Alterhéros à Montréal et vloggeur sur des réalités queer et trans.
Alex Simon: Si vous êtes à l’aise de le partager avec nous, comment vous décririez vous au niveau de votre identité queer et trans (transmasculine, transféminine, non-binaire, etc.)? Quels pronoms utilisez-vous?
June Pilote: Je suis un humain non binaire transmasculine et j’utilise les pronoms il/lui en français et they/them en anglais. Je ne m’identifie pas énormément aux pronoms neutres en français, alors j’ai décidé d’utiliser l’alternative “masculine”.
AS: Quelle sorte d’activisme faites-vous dans la communauté LGBTQ+?
JP: Je fais de l’activisme LGBTQ+ depuis maintenant plus de cinq ans. J’ai commencé en tant que membre sur les conseils administratifs de différents organismes, en faisant du soutien actif par les pairs, et en facilitant des ateliers. Présentement, je suis le directeur exécutif d’Alterhéros, une ressource en ligne par et pour des personnes LGBTQ+, où on répond à des questions sur la sexualité, l’identité de genre, l’orientation sexuelle et toutes sortes d’autres sujets. On offre également des services par et pour des jeunes LGBTQ+ issus de la neurodiversité, du soutien par les pairs, des événements sociaux, le partage de ressources, etc. J’ai également une présence en ligne où je parle de ma transition et de mon identité queer en général. À travers mon compte Instagram, podcast et blogue, je discute de sujets tels que ma double mastectomie, ma dysphorie de genre et quels jouets sexuels peuvent réduire la dysphorie!
AS: Quel est votre parcours académique? Votre carrière actuelle ou de rêve?
JP: En raison de trucs de santé mentale qui viennent avec le fait d’être queer et trans, je n’ai jamais été en mesure de compléter un diplôme. J’ai fait deux ans d’un baccalauréat en histoire en 2011, et un an et demi en études du genre à Concordia en 2017.
AS: Quelles sources d’inspiration queer/trans/non-conformes dans le genre aviez-vous en grandissant?
JP: Aucun (rire). J’ai eu accès à l’Internet pour la première fois quand j’ai eu 14 ans. J’ai fait quelques recherches à propos des personnes gaies et lesbiennes, mais jamais à propos de l’identité de genre. J’ai toujours eu un inconfort à propos de mon genre, mais je n’ai jamais eu les mots pour le décrire. J’ai eu vent de réalités trans une fois rendu à l’université et rencontré Sophie Labelle en 2013. L’avoir comme amie m’a vraiment ouvert les yeux sur ce qu’est être trans, et comment je n’avais pas besoin de vivre avec mon inconfort toute ma vie.
AS: Quelle a été votre experience de coming out avec votre famille, vos amis et collègues?
JP: J’avais surtout des ami.es LGBTQ+, donc c’était plutôt facile avec elleux. Pour ma famille c’était un peu plus difficile. J’ai encore beaucoup de sentiments face à ça, donc je préfère ne pas en parler beaucoup. Tu peux m’écouter parler à propos de mon histoire de coming out dans le premier épisode de mon podcast «C’est quoi mon genre».
AS: Qu’est-ce que tu aimerais qu’une version plus jeune de toi sache à propos de l’amour de soi et de l’acceptation en tant que personne queer/trans? À propos de tes relations avec autrui?
JP: Que je ne suis pas seul, que ce sera difficile mais que ça va valoir la peine. Qu’être trans et queer ne te fait pas sentir aussi seul qu’on puisse le croire et qu’on se découvre au cours de notre vie.
AS: À ton avis, quelles seraient les prochaines étapes dans l’avancement des droits queer et trans? Quels défis devraient être soulignés?
JP: Tant de défis! Les droits pour les personnes trans migrantes, un accès plus facile aux chirurgies et aux hormones pour toustes, plus de financement au niveau des chirurgies pour personnes transféminines (dont la fémininisation faciale, etc.)
AS: Quels conseils donneriez-vous aux personnes queer/trans qui commencent à se découvrir?
JP: Si tu peux, suivre les gens trans sur les réseaux sociaux, t’entourer d’acceptation trans digitale. Tu n’as pas besoin de faire un coming out si ce n’est pas sécuritaire ou accessible pour toi.
Alex Simon