Plusieurs personnes croient, à tort, que plus une durée opératoire est longue, meilleurs seront les résultats de guérison, et qu’une chirurgie courte est signe que le chirurgien est pressé ou qu’il n’est pas méticuleux.
Ces mythes peuvent être une source d’angoisse importante pour les patients·tes. Pourtant, tout le contraire est vrai : plus le temps de chirurgie s’étire, plus le temps de guérison et les risques liés à l’intervention augmentent.
S’il est vrai que la durée opératoire est un indicateur important des facteurs de risques et de complications possibles, le type de chirurgie et la complexité procédurale sont aussi des facteurs déterminants. Bien qu’ils soient souvent indépendants, ces facteurs de risque peuvent être parfois interreliés.
Infections et complications
Le lien entre l’infection des plaies et la durée opératoire est connu depuis déjà belle lurette. Chaque minute supplémentaire de la chirurgie a un impact direct sur le taux d’infection des plaies.
Pour preuve, une étude sur la reconstruction mammaire avec implant parue en 2019 a clairement démontré que la possibilité de complications médicales ou d’infections des plaies augmente quand le temps de chirurgie va au-delà de trois heures. Il y aurait un lien de causalité direct entre les complications, les conditions de santé préopératoires, et une durée opératoire plus longue.
Si les taux de complications varient peu pour les chirurgies de moins de 3 heures, les risques se multiplient de 1,6 fois après 3 heures. Chaque intervalle de durée opératoire successive est accompagné d’une croissance concomitante des complications, avec les taux qui augmentent de 3 fois après 4,5 heures et presque 5 fois pour une intervention de 6,8 heures.
Lorsqu’une chirurgie dure plus de 6 heures, chaque heure supplémentaire augmente le risque de complications cardiovasculaires, rénales et pulmonaires. Il en va de même pour l’accroissement du taux d’infection. Les chirurgies de plus de 3 heures intensifient les risques d’érythèmes et d’hématomes, et bien souvent supposent une guérison plus lente des plaies.
Morbidité
L’enjeu principal quant au risque de morbidité est la complexité de la procédure, et non la durée opératoire. En effet, selon une étude parue en 2014, les complications peuvent varier entre deux chirurgies de durée plus ou moins égale. Par exemple, les chirurgies à la tête ou au cou provoquent plus de complications que les chirurgies mammaires ou aux membres, même si la durée est semblable, à cause de la complexité de ces procédures. Des procédures délicates sur des surfaces plus petites exigeant moins de manipulations causent moins de morbidité que la reconstruction ou les dissections ou excisions des procédures de contour de corps. Par contre, des études indiquent qu’une durée opératoire de plus de trois heures augmente aussi le risque de morbidité. Tous ces facteurs doivent être pris en compte par le chirurgien lors de la préparation préopératoire.
La durée opératoire est donc un facteur clé dans la guérison des patients et dans la gravité des complications postopératoires. Elle serait une indicatrice des complications, avec une croissance marquée des risques si la chirurgie dure plus de trois heures.
Les chirurgiens sont des professionnels hautement qualifiés. Bien qu’un chirurgien d’expérience travaille avec célérité, d’autres facteurs peuvent contribuer à la durée opératoire, dont certains peuvent être hors de son contrôle comme des saignements excessifs pouvant ralentir l’intervention. Toutefois, la rapidité d’exécution n’est pas nécessairement garante de meilleurs résultats, car la durée opératoire n’est pas l’unique facteur à considérer en cas de complications.
Les opérés·es n’ont donc pas à s’inquiéter si la chirurgie est plus courte qu’attendu. Cela n’indique en rien un travail bâclé. Une chirurgie plus longue ne donnera pas forcément de meilleurs résultats. La durée opératoire est un facteur important dans la guérison, mais le type de chirurgie et la complexité procédurale le sont aussi. Surtout, assurez-vous de poser des questions avant l’intervention chirurgicale afin de bien connaître les risques.