L’asexualité, en tant que terme générique, fait référence au manque d’attirance sexuelle ressentie envers les autres.
Collaboration spéciale: Alex Simon est un.e étudiant.e Montréalais.e d’origine américaine de 22 ans qui s’intéresse aux réalités des personnes trans et LGBTQ. Ellui-même non binaire, iel a proposé à GrS Montréal de composer quelques articles pour le blogue TransAvenue.
Souvent, lorsqu’il s’agit d’orientations à l’intérieur et à l’extérieur de la communauté LGBTQ+, le suffixe -sexuel.le est utilisé, par exemple homosexuel.le, bisexuel.le et hétérosexuel.le. Le préfixe utilisé avant -sexuel.le distingue envers qui vous êtes attiré.e. Cependant, que se passe-t-il si vous ne ressentez pas d’attirance sexuelle envers les autres? Ou une attirance romantique, d’ailleurs? Vous n’êtes pas anormal.e, vous faites peut-être partie du spectre de l’asexualité et/ou de l’aromantisme.
L’asexualité, en tant que terme générique, fait référence au manque d’attirance sexuelle ressentie envers les autres. Ceci est différent de la libido, qui se rapporte à la pulsion que l’on pourrait ressentir pour agir sur lesdits désirs sexuels. Il diffère également du célibat, dans lequel une personne choisit de ne pas se livrer à une activité sexuelle. L’asexualité est un spectre, ce n’est pas tout noir ou blanc, d’où l’existence de sous-catégories au sein de l’asexualité, des étiquettes avec lesquelles vous pouvez ou non vous sentir plus aligné.e. Les personnes qui sont sur le spectre de l’asexualité peuvent se définir comme « ace ».
La demisexualité est une orientation dans le spectre de l’asexualité. Cela se rapporte au fait que quelqu’un ne ressent pas d’attirance sexuelle envers une autre personne à moins qu’un lien émotionnel fort ne se soit déjà formé. La gris-sexualité, parfois appelée gray-ace, fait référence à la zone grise existant dans l’asexualité. Puisque chaque individu vit l’asexualité à sa manière, ce terme peut englober les zones grises présentes dans un si large spectre. Réciprosexuel.le fait référence à une personne qui ne ressent pas d’attirance sexuelle envers quelqu’un tant que cette personne n’est pas attirée par iel. Akoisexuel.le, ou lithsexuel.le, se réfère à quelqu’un dont l’attirance pour un.e autre s’estompe avec le temps si ladite attirance se voit être réciproque. Aceflux fait référence à une personne dont l’orientation sexuelle fluctue dans le temps. Pour certain.e.s, les fluctuations demeurent dans le spectre de l’asexualité. Pour d’autres, elles pourraient parfois s’aventurer en dehors de ce dernier.
Il existe une pléthore d’identités qui relèvent du spectre de l’asexualité. Ces identités peuvent également tomber dans le spectre de l’aromantisme, c’est-à-dire ceux qui ne ressentent pas d’attirance romantique envers les autres. Ces personnes peuvent s’appeler « aro » pour faire court. Les identités listées ci-dessus peuvent s’appliquer au spectre aromantique en changeant le suffixe -sexuel.le par le suffixe -romantique. Par exemple, les individus gris-romantiques ont le sentiment que leur attraction romantique se situe dans les zones grises du spectre aromantique.
Pour certaines personnes, leur attirance romantique et leur attirance sexuelle correspondent. Par exemple, vous pourriez être homoromantique et homosexuel.le, ce qui signifie que vous êtes à la fois attiré.e romantiquement et sexuellement par le même genre. Cependant, ils pourraient se différencier, conduisant à l’importance de distinguer ces deux axes d’attraction. Dans mon cas, je me considère comme panromantique et gris-sexuel.le. Je suis attiré.e de manière romantique par les autres, quelle que soit leur identité de genre, et mon attirance sexuelle pour les autres se situe dans les zones grises de l’asexualité. C’est ce qu’on appelle le Split Attraction Model (SAM).
Celleux qui se considèrent comme étant sur le spectre de l’asexualité et/ou de l’aromantisme font partie de la communauté LGBTQ+ car leur orientation sexuelle et/ou romantique diffère de celle d’une personne cisgenre, hétéro-romantique ET hétérosexuel.le.
Comme d’autres membres de la communauté LGBTQ+, les personnes asexuel.les et aromantiques peuvent être victimes de discrimination en raison de leur orientation. Les normes culturelles et sexuelles pourraient exclure ces communautés de la discussion, de nombreuses personnes ne sachant même pas ce que sont l’asexualité et l’aromantisme. Certain.es pourraient, à tort, concevoir ces orientations comme la conséquence d’un traumatisme sexuel ou de l’idée que la personne n’ait pas encore « trouvé le/la bon.ne partenaire ». Cela contribue au « gaslighting » et à l’invisibilité desdites personnes et de leurs identités, ce qui peut à son tour conduire à des sentiments tels que la honte intériorisée.
En bref, bien qu’iels puissent être des sous-communautés moins connues (du moins pour le moment) au sein de la famille LGBTQ+, les personnes asexuel.les et aromantiques méritent tout autant le soutien de leurs cercles sociaux et du domaine médical. Les personnes asexuel.les et aromantiques au sein de leurs continuums respectifs sont capables de créer des liens importants avec les autres, à leur manière.
Alex Simon
Bonjour,
J’aimerais vous poser une question très « large » et qui pourrait susciter un débat, mais je vous assure que mon but n’est pas de semer la controverse mais d’apprendre un peu plus…
Qu’est-ce que ça donne de catégoriser ainsi l’attirance sexuelle, à part de mettre des barrières, des limites ou des étiquettes aux individus?
Merci de votre attention.
Bonjour!
votre question est très pertinente. Je crois que pour certaines personnes, c’est rassurant de pouvoir mettre un mot sur les émotions et attirances qu’elles ressentent. Ça normalise quelque chose qui leur semble peut-être comme problématique au premier abord. Par exemple, une personne asexuelle pourrait se dire qu’elle a un problème de libido ou faussement se croire dépressive alors qu’en réalité, le phénomène est connu et dé-médicalisé.
D’autres personnes, à juste titre aussi, préfèreront éviter de catégoriser leur sexualité, attirance, orientation ou identité.
Bonne journée! 🙂